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Le 29/09/2025 à 14:21

Savoie Arrêt de l’usine de production de silicium à Montricher-Albanne : 160 familles impactées

L’entreprise Ferroglobe, leader mondial et premier producteur européen de silicium et de ferrosilicium, fait face à une crise sans précédent. Implantée notamment en Savoie, la société subit de plein fouet le dumping des producteurs chinois qui, depuis plusieurs mois, inondent le marché européen avec des prix cassés. Cette situation découle des droits de douane instaurés par l’administration Trump aux États-Unis, poussant les exportations chinoises à se reporter massivement sur l’Europe.

Le choc est brutal : avec un coût de production avoisinant les 2 000 € par tonne, Ferroglobe vend désormais son silicium à 1 300 €, contre 2 500 € il y a encore peu. Résultat, l’entreprise se retrouve contrainte de vendre à perte, une équation intenable à long terme alors que sa production atteint 2 000 tonnes par mois.

Conséquence directe, le groupe a annoncé l’arrêt temporaire de trois de ses usines de production, dont celle de Montricher-Albanne en Savoie, à compter de début octobre et jusqu’à la fin de l’année 2025. Une décision lourde, qui entraîne déjà la mise en chômage partiel de près de 450 salariés en France. Sur le département, 160 familles sont directement concernées par cette mesure.

Mais au-delà des répercussions sociales, c’est tout l’avenir de la filière européenne du silicium qui est menacé. Dès le 1er octobre, il n’y aura plus aucune production sur le continent, alors que la consommation annuelle en Europe s’élève à 400 000 tonnes. Or, le silicium est classé matériau critique et stratégique par l’Union européenne, avec un objectif affiché de produire au moins 40 % des besoins sur le sol européen, soit 160 000 tonnes par an.

Ferroglobe, qui représente à lui seul 90 % de la production européenne, incarne ainsi un enjeu majeur de souveraineté industrielle et énergétique. Sans mesure de protection, l’Europe se retrouve dépendante à 100 % des importations, une situation jugée intenable par de nombreux responsables politiques.

Une première clause de sauvegarde proposée par la Commission européenne avait exclu le silicium, privant Ferroglobe d’une protection essentielle. Désormais, syndicats, élus locaux — comme la sénatrice de Savoie Martine Berthet — et industriels demandent à Bruxelles de revoir sa copie et d’intégrer à la fois le silicium et le ferrosilicium dans un nouveau dispositif. Objectif : rétablir une concurrence loyale et éviter la disparition d’un acteur industriel stratégique pour la France et l’Europe.

En attendant, l’avenir des sites de production et des salariés reste suspendu aux décisions politiques et européennes

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