Le 03/12/2025 à 09:35
Courchevel JO 2030 : qu’est-ce que Courchevel entend financer après les échanges de courriers entre le Département, le COJOP et Courchevel ?
La situation révèle un conflit ouvert entre la mairie de Courchevel et le Département de la Savoie au sujet du financement des aménagements qui doivent être entrepris, sans qu’aucune solution ne soit clairement arrêtée à ce stade. Elle pose plus largement la question de la répartition des charges entre collectivités pour les ouvrages liés aux Jeux de 2030, ainsi que le risque de voir émerger d’autres points de friction.
Des courriers ont été échangés en ce début de semaine entre la SOLIDEO, le Département de la Savoie et Courchevel… Synthèse des trois courriers :
• Le courrier du maire de Courchevel, daté du 28 novembre 2025 et adressé à la SOLIDEO, demande que l’aide État-Région soit portée à 80 % au lieu de 70 %, en soulignant que ces équipements sont avant tout des infrastructures olympiques et non de simples équipements locaux. La commune estime qu’il serait « extrêmement choquant » que les collectivités de Savoie ne soutiennent pas davantage un symbole de la « Savoie olympique », tout en réaffirmant sa volonté de voir aboutir le projet d’investissements.
• Dans son courrier au maire, daté du 1er décembre, le président du Département rappelle que la collectivité a déjà investi 5,3 millions d’euros depuis 1992 pour les travaux et le fonctionnement du tremplin du Praz, et qu’elle doit par ailleurs engager plus de 40 millions d’euros sur le réseau routier en vue des Jeux. Il réaffirme que le Département n’a « pas vocation » à financer les équipements olympiques, juge le courrier du 28 novembre déloyal et annonce la suspension de toute discussion avec la mairie de Courchevel jusqu’à nouvel ordre.
• Dans un second courrier, adressé le même jour au président du COJOP 2030 et à la SOLIDEO, le président du Département met en avant l’historique des contributions de la Savoie : 11,45 millions d’euros pour le tremplin du Praz et la piste de bobsleigh de La Plagne, 11 millions pour les Mondiaux de ski 2023 pour la piste de l’Éclipse, ainsi que sa garantie pour le village olympique de Bozel, 5 millions pour l’ascenseur valléen et plus de 40 millions pour les routes. Il conteste que l’attitude du Département puisse être mise en cause, refuse que celui-ci devienne une « variable d’ajustement budgétaire » d’un projet dont il n’a pas été à l’initiative, et annonce la suspension de sa participation à toutes les réunions liées à la livraison des ouvrages olympiques ou à l’organisation générale des JOP 2030, tout en maintenant les engagements budgétaires déjà actés.
En résumé…
D’un côté, Courchevel met l’accent sur le caractère olympique et national des infrastructures, sans évoquer le montant de sa participation, et considère que leur rénovation doit être largement prise en charge par l’État, la Région et, implicitement, par le Département. Elle s’alarme d’une répartition financière jugée défavorable pour la commune.
De l’autre, le Département de la Savoie insiste sur l’importance de ses contributions passées et futures, revendique un rôle limité dans le financement des équipements proprement olympiques et entend préserver ses marges budgétaires face à un projet dont il estime ne pas avoir été pleinement associé à la définition.
Le conflit a désormais une dimension politique forte : le courrier du maire, envoyé sans en informer le Département, a entraîné en retour une rupture des discussions bilatérales et un signal d’alerte adressé aux organisateurs nationaux des Jeux. Cette crispation intervient alors même que le COJOP vient de mettre en avant la Savoie et la Haute-Savoie comme vitrines des futurs Jeux, ce qui contraste avec l’incertitude financière actuelle. Ultime interrogation : combien Courchevel investira-t-elle dans un tel événement ?
