Crédit photo : JOEL SAGET / AFP 

Le 08/10/2025 à 17:20

Robert Badinter, réfugié à Cognin durant la guerre, entre au Panthéon

Symbole de la lutte pour la justice et les droits humains, Robert Badinter entre ce jeudi 9 octobre au Panthéon, 44 ans jour pour jour après le vote historique de l’abolition de la peine de mort en France.

Décédé en février 2024, l’ancien garde des Sceaux de François Mitterrand est honoré par la Nation pour son engagement en faveur d’une justice humaniste. Avant de devenir avocat, ministre puis président du Conseil constitutionnel, Robert Badinter avait trouvé refuge en Savoie, à Cognin, pendant l’Occupation. Sous le nom de Robert Berthet, il y a passé plusieurs années de son adolescence, protégé par la population locale.

Les célébrations ont débuté mercredi soir avec une veillée funèbre au Conseil constitutionnel. La cérémonie officielle, présidée par le président de la République, se tiendra ce jeudi à partir de 18h30, rue Soufflot à Paris.

Julien Clerc et Guillaume Gallienne rendront hommage à celui qui, un jour de septembre 1981, avait prononcé cette phrase restée dans l’Histoire : « Demain, grâce à vous, la justice ne sera plus une justice qui tue. »

Biographie de Robert Badinter Source www.paris-pantheon.fr


Robert Badinter connaît une adolescence bouleversée par la Seconde Guerre mondiale. La barbarie nazie frappe de plein fouet sa famille juive originaire de Bessarabie : après la déportation de son oncle et l’arrestation de sa grand-mère en 1942, son père est arrêté à son tour par Klaus Barbie, le 9 février 1943, et déporté. Aucun ne survit. Réfugié à Cognin, en Savoie, celui qui se fait alors appeler Robert Berthet bénéficie, avec sa mère et son frère aîné, de la protection de la population.


Diplômé en lettres et en droit, Robert Badinter devient avocat en 1951. A partir de 1965, il enseigne également le droit à l’Université, après avoir obtenu l’agrégation. En 1972, il est appelé à défendre Roger Bontems, accusé de complicité dans la prise d’otage et le meurtre d’un gardien et d’une infirmière à la prison de Clairvaux. En dépit d’une défense résolue, Roger Bontems est condamné à mort. Le spectacle de la guillotine transforme Robert Badinter, qui fait de la lutte contre la peine de mort en France le combat de sa vie. Ses plaidoiries déterminées permettent à Patrick Henry, mais aussi à cinq autres accusés, d’échapper à la peine capitale à la fin des années 1970.


Nommé Garde des Sceaux par François Mitterrand, Robert Badinter prononce, le 17 septembre 1981, un discours historique à l’Assemblée nationale pour demander aux députés de voter l’abolition de la peine de mort. « Demain, grâce à vous, la justice ne sera plus une justice qui tue » clame-t-il. Le vote favorable d’une majorité de députés, confirmé quelques jours plus tard par les sénateurs, conduit à la promulgation de la loi le 9 octobre 1981.
Au-delà de l’abolition de la peine de mort, son action de ministre de la Justice, puis de président du Conseil Constitutionnel et de sénateur est celle d’un réformateur des institutions et d’un protecteur de l’état de droit.


Guidé par une éthique rigoureuse et une conviction inébranlable, Robert Badinter n’a eu de cesse, tout au long de sa vie, de défendre la justice.

[ Politique ]